Une mode eco responsable est elle possible ?
Passionnés de sports, nous prenons un plaisir infini à nous dépasser sur les terrains de jeu que nous offrent la planète. En montagne, forêts, océans ou en eaux vives. Mais nous constatons comme vous que ces écosystèmes se détériorent rapidement. Alors, nous avons créée Wolbe, pour imaginer un nouveau standard : une marque qui offre plus de liberté à votre vestiaire mais sans compromis pour la planète. C’est notre façon de nous engager activement pour la protection de l’environnement.
Comment y parvenir dans le monde de la mode ? Quelles sont les grandes questions et les enjeux prioritaires ? Pour adapter notre stratégie de sourcing et de fabrication, nous avons commencé par un état des lieux pour bien comprendre les dysfonctionnements du secteur. C’est ce que nous partageons avec vous ici.
La mode eco responsable n’existe pas au niveau mondial. Le textile-habillement impacte lourdement la planète
- 98 millions de tonnes de ressources NON renouvelables sont consommées chaque année. C’est du pétrole, nécessaire à la fabrication du polyester, polyamide (nylon et élasthane). Mais aussi des engrais et des éléments chimiques utilisés pour créer, teindre et ennoblir les tissus
- 1,2 milliards de tonnes de CO2 sont dégagés, soit plus que le trafic maritime et aérien réunis
- 500 000 tonnes de micro plastiques sont relâchées dans les océans (l’équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique)
Et ces données vont encore se dégrader en 2050 si on ne modifie pas les tendances actuelles…
Le tableau est sombre. Mais toutes les industries de biens de consommation polluent, dégradent les ressources naturelles et génèrent des déchets importants.
Comment en sommes-nous arrivés là ? 4 facteurs différents expliquent ces chiffres.
1. c’est d’abord le reflet de la “géographie” mondiale
7,7 milliards de personnes portent des vêtements ! Pour se protéger, se sentir bien ou exprimer leur personnalité. En quinze ans, la population mondiale a crue de 25%, et son niveau de vie s’est sensiblement amélioré. Elle a plus de moyens pour consommer, et ne s’en prive pas.
L’emplacement des ressources naturelles, des lieux de production (main d’œuvre pas chère) et des bassins de consommation ne sont pas alignés. Il faut donc incessamment faire voyager la matière première, le fil ou les billes de polymère, le tissu brut, le tissu teint, le vêtement semi fini et le vêtement fini à travers le monde ! Imaginez les millions de tonnes de CO2 dépensés uniquement dans ces transports de transit…
Si on prend l’exemple d’un jean, voici les étapes probables qu’il va suivre. Le coton est cultivé au Pakistan, Corée ou Afrique de l’ouest. Puis il est expédié en italie pour être tissé en grandes toiles de denim. Les toiles seront envoyées en Asie pour être découpées et assemblées par une main d’œuvre bon marché (un(e) ouvrier(e) gagne 50$ par mois au Bangladesh ou 77$ au Pakistan). Les jeans semi-finis seront « sablés » en Turquie, champion international du jean délavé. Enfin, les finitions (fermeture éclair, rivets…) pourront être faites en Europe.
2. c’est ensuite lié à des procédés de fabrication (tissus + vêtements) loin d’être propres
70% de la production mondiale de textile est dérivée du pétrole (polyester, polyamide -nylon, élasthane-) !! Et la tendance s’accentue de façon inexorable depuis 1995 (voir courbe en dessous). Très facile à fabriquer (cf la vidéo sur le nylon you tube), la matière est peu chère, plus résistante que le coton ou la laine, et a des propriétés techniques intéressantes (hydrophobie notamment).
Le gros hic, -au-delà d’une fabrication polluante- c’est que le pétrole est une ressource naturelle NON renouvelable, dont l’accès sera de plus en plus compliqué et cher. Comment extraire demain les 70 millions de barils de pétrole nécessaires à produire le polyester fabriqué chaque année ?
Les fibres naturelles peuvent aussi être préoccupantes ! Le coton mobilise par exemple à lui seul 20% des insecticides utilisés au niveau mondial.
Le textile habillement est le 3ème secteur consommateur d’eau après la culture du blé ou du riz (4% de l’eau potable disponible). La mer d’Aral a par exemple disparue à cause de l’irrigation du coton. Et il faut 10000 litres d’eau pour confectionner un seul jean (285 douches).
Enfin, pour transformer, teindre, ennoblir les tissus et les vêtements, l’industrie textile mobilise à elle seule 25% des produits chimiques utilisés dans le monde ! Des millions de litres de solvants, soude, teintures
3. ce sont surtout nos usages qui alimentent ce « changement pour le pire »
100 milliards de vêtements sont produits chaque année. Ça représente un doublement en quinze ans, alors que la population a crue de +25% !
Nous en achetons 13 kg en moyenne par habitant par an au niveau mondial. Mais c’est 36 kg aux USA, 23 kg en Europe (seulement 9,6 kg en France), 15 kg en Chine.
Le nombre de fois où on porte un vêtement avant de le jeter a dégringolé : 135 fois aujourd’hui contre 200 fois il y a 20 ans. Sous l’effet couplé de la fast fashion (qui propose jusqu’à 24 collections par an à des prix de plus en plus bas) et du développement de la classe moyenne mondiale, on porte moins longtemps les vêtements qu’on achète. Et c’est seulement 50 fois aux États Unis et 100 fois en Europe. Ce chiffre va donc encore baisser.
60% des vêtements sont jetés après seulement un an !
4. enfin, le recyclage est quasiment inexistant en bout de chaine
90% des vêtements achetés finissent brulés ou à la décharge. Soit l’équivalent d’un camion poubelle toutes les secondes !
La France est un « bon élève » au niveau mondial mais c’est quand même insuffisant. 38% des vêtements usagés sont collectés (grâce aux 50 000 bornes de collecte). Et 99,6% d’entre eux sont soit redonnés en état (2ndemain), soit recyclés en chiffons et effilochage.
Seulement 1% des matériaux utilisés pour la fabrication du textile sont recyclés pour être réutilisés en confection.
Essentiellement parce que nos vêtements ne sont pas faits d’un seul matériau ! Pour augmenter leur durabilité ou leur confort, le coton est mélangé avec de l’élasthane, la laine avec du nylon, le coton avec du polyester. Impossible de séparer ces matières à la main ou mécaniquement en fin de vie… Et aujourd’hui, aucun process « chimique » n’est encore développé à l’échelle industrielle pour y arriver. Mais de nombreux investissements et projets se concentrent aujourd’hui sur cette étape fondamentale ! Et demain, nous pourrons peut être produire une chemise avec que du coton ou de la laine récupérée d’anciens vêtements.
Mais aussi parce que recycler une matière pour la réutiliser en confection dégrade souvent la qualité de celle-ci. On supprime les fibres longues qui font la texture et la douceur d’un fil.
Pour bien comprendre (visuellement) les engrenages de ce secteur, on vous recommande trois documents très pédagogiques.
Une publication de l’ADEME (agence nationale de la transition écologique) : “la mode sans dessus dessous”.
Une vidéo du magazine Le Monde (13 décembre 2018, 8 minutes 05 s) qui explique “pourquoi s’habiller pollue“.
Une infographie très claire de l’organisme Refashion.fr (ex Eco TLC pour encourager le recyclage textile)